Et si ?
Et si cette fois on saisissait l’occasion.
Si on en faisait quelque chose de cette pause forcée.
Si on arrêtait notre course contre le monde,
notre lutte contre la Terre,
notre guerre contre les autres.
A marche forcée
Et si enfin il se passait quelque chose
quelque chose de neuf, de profond, de vrai
quelque chose qui nous fasse penser qu’il est toujours temps
Et si enfin depuis notre chambre,
notre lit,
notre chaise,
notre canapé même,
on retrouvait du goût
de l’appétit
Si nous décrétions, une bonne fois,
ce monde insupportable,
inhabitable,
Article 1 : Ce monde est mort
Article 1bis : Tant mieux
Article 1ter : Et maintenant ?
Attends, attends,
Tu vas trop vite
Comme toujours
Tu as été élevé à ça
Aller vite, plus vite
Tout voir, tout vouloir
tout faire, tout connaître
Attends un peu,
Reste chez toi
Reprends ton souffle
Et si la vie était un « et si »
Toute entière suspendue
A nos décisions, nos désirs
Chacune,
Chacun
Et si les naïfs ne l’étaient pas tant que ça
Et si les naïfs avaient raison
Et s’il était temps de faire confiance
De préférer l’entraide à la compétition
Les liens aux biens
Le conflit créateur à la violence destructrice
Et si on en sortait moins cons qu’on y est entrés
Si on en sortait plus armés de printemps,
De veillées,
De chansons,
De regards,
De silences
Si on prenait soin de nos intérieurs
Pour se retrouver
Si le Dehors nous attendait,
Plus humains,
Plus vivants,
Printaniers
Jean-Laurent Tonicello
Merci pour ce texte superbe …
« Et si … » on en sortait VIVANTS, les yeux grands ouverts sur les autres, 1 sourire pour ceux qu’on croise(ra) dans la rue, dans la Résidence?
Nos arbres n’ont jamais été aussi verts, nos modestes terrains aussi fleuris, des pâquerettes aux longues tiges nous donnent des bouquets … grâce au confinement, ils ne viennent plus tondre ni tailler …
Ne nous laissons plus raser ni bétonner, dès que possible faisons revivre notre ville … Et chantons comme nos mésanges, nos merles, et même la pie et le geais qui sont revenus … Oui, je suis naïve et je le reste(rai?) Inch’Allah …