Confinés, mais à l’affût

Par les temps qui courent, attachons-nous à observer la faune. Le petit guide « Découvrir les Mammifères d’Albi » résulte d’une intention louable mais ne précise en rien où l’on peut dans Albi même voir les animaux présentés. Le propos est très général et se retrouve absolument partout.

Volonté délibérée ? Maladresse ? Stéphanie Guiraud-Chaumeil et Bruno Lailheugue sont les premiers mammifères qui ouvrent le manuel. De grands mammifères très abordables. Pour la pipistrelle, il en va autrement. Déjà, sa face est beaucoup moins avenante.

Pour les plus chanceux d’entre nous qui ont un accès au monde extérieur par un jardin ou même un balcon, je propose l’observation des pipistrelles qui commencent à tournoyer ces temps-ci. C’est de loin la plus commune de nos chauves-souris. Elle vole le soir près des maisons, autour des lampadaires. Les pipistrelles quadrillent l’espace aérien. À plusieurs, elles se croisent sans jamais se heurter. Leur vol est fait de crochets fulgurants. Vingt battements d’aile à la seconde. Et malheur au moucheron qui croise la pipistrelle. Le jour venue la petite bête se planque derrière les volets ou sous les tuiles. Il en existe plusieurs espèces dans les tons bruns, roux.

Si les spécialistes les capturent avec des filets, le plus facile encore est de les photographier en vol avec votre portable à deux trois mètres, flash activé. Ne reproduisez pas l’opération à plus de deux reprises car la bestiole passe, bien sûr, un sale petit moment. Mais elle va s’en remettre.

La face cachée des ultrasons

Les chauves-souris ont conquis la nuit en développant un système très performant de localisation des proies par réflexion d’ondes ultrasonores. On peut le résumer ainsi: elles voient par les oreilles.

C’est Louis Jurine au XVIIIe siècle qui leur bouchant le conduit auditif avec de la cire conclut qu’elles ont du mal à chasser. À l’époque, il est la risée des naturalistes. Son mémoire tombe dans l’oubli jusqu’en 1941, où on démontre l’existence de la production d’ultra-sons.

Un homme peut entendre des sons jusqu’à 20 kHz de fréquence pourvu qu’il ne soit atteint d’aucun déficit. C’est la limite des chauves-souris. Si bien qu’il n’est pas tout à fait impossible de les entendre, tout au moins pour certaines espèces. C’est justement le cas de la Pipistrelle dont je vous invite à écouter les « stridences ».

Les chauves-souris peuvent émettre jusqu’à 105 kHz. Les différentes espèces se partagent les fréquences. Rares sont celles qui se chevauchent. Et puis pour se distinguer, il n’y a pas que les fréquences. L’attaque, l’intensité, le rythme d’émission et les portées sont différentes. Certains chiroptères diffusent jusqu’à cent mètres, d’autres sur quelques mètres seulement. Bref, le cri est une signature de l’espèce.

Il existe des détecteurs d’ultrasons mis au point par les spécialistes. Moyennant une vingtaine d’euros, vous pouvez grâce à l’appareil écouter la bestiole. L’utilisation en est simple paraît-il.

Comme pour les oiseaux, identifier les chauves-souris demande un sacré apprentissage. La finesse de l’ouïe et la mémoire sonore comptent.

Le saviez-vous ? La chauve-souris est le seul mammifère avec l’homme qui puisse voler.

Merci à :

Vincent Albouy, Jean Chevalier, La nature, la nuit, Delachaux et Niestlé, 2006

S.D.P.N.A, La hulotte, n°17, 1973

 

                                                                                                                                     Christophe Mendygral

Tutoriel pour fabriquer soi-même son nid à chauve-souris

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